Organisation d’un Grand Débat National & Grand Débat Culture

Organisation d’un Grand Débat National & Grand Débat Culture

 

Le 7 mars et le 14 mars 2019 en vos présences, un Grand Débat National et un Grand Débat National Culture ont eu lieu au sein de La Villa des Créateurs, créée et gérée par notre coopérative Coop-Cité, démonstrateur de projets permettant par ses actions sur le terrain de tisser des liens, de créer de la valeur et de la richesse territoriale comme vision et projet de société. La Villa des Créateurs a également de par sa position géographique une dimension forte, ancrée au cœur des problématiques de la capitale et plus encore. En effet, La Villa des Créateurs se trouve à la place de Clichy croisement important où quatre arrondissements 17ème , 18ème , 9ème , 8ème  se rejoignent. La Villa des Créateurs porte principalement son attention sur les processus de création :  création d’entreprise, création littéraire, création artistique, … et pour ce faire donne priorité à la créativité, à son émergence, et souhaite la remettre au centre du débat de société. Selon le World Economic Forum c’est la Compétence clé du monde de demain face à l’Intelligence artificielle.

L’entrée thématique du Grand Débat National était « DEMOCRATIE & CITOYENNETE », le titre de notre réunion locale : « Comment ensemble faire à nouveau société : un défi culturel ? » .

Pourquoi ce titre ? Il est ici question de réfléchir aux innovations sociales, économiques, politiques ainsi que culturelles, qui, pourront ensemble permettre à de « nouveau faire société ensemble ». Pour nous c’est un sujet éminemment culturel. Ce titre nous interpelle sur la nécessité de nous engager à reconsidérer la culture comme un facteur de concorde et un puissant levier de la démocratie. En effet, la culture est absente du débat comme le faisait très justement remarquer Franck Riester notre Ministre de la Culture actuel. Pourtant depuis les attentats de 2001 avec le terrorisme, les violences interethniques, la montée des inégalités, de la pauvreté,… jusqu’à la quête de sens et de légitimité recherchées au sein des organisations, au sein des entreprises… rares sont ceux qui prennent conscience qu’il s’agit d’enjeux, d’impacts culturels. Mal nommer les choses c’est ajouter du malheur du monde, au mensonge universel, aurait dit Albert Camus. Il est urgent de reconnaitre que ces questions de politiques culturelles sont les sujets clés des débats contemporains sur l’identité, la cohésion sociale, la montée des populismes, les crises des démocraties dans le monde, … Nos femmes et hommes politiques doivent les saisir comme défis culturels à affronter.

 

Du fait de la dislocation des références culturelles communes, le problème principal est que nous n’avons plus de définition de la culture aussi nous avons proposé de partir de celle légitime et qui fait autorité, la définition élargie du mot culture telle qu’elle a été définie par l’Unesco : «La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie (les façons de vivre ensemble), les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.» Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet – 6 août 1982.

 

Pour le choix du titre, qui est aussi la tag line de notre coopérative, nous avons considéré que l’urgence était – dans ce contexte de société très fragmentée – de faire des propositions pour réconcilier et de pacifier les relations, reconstruire ensemble une société plus juste, recréer du commun. Comme le précise Jérôme Fourquier dans « L’archipel français. Naissance d’une nation multiple et divisée » Prix du livre Politique 2019 cette difficulté de « Faire société » s’étend à tout le territoire national. Il existe différentes façons de faire société selon les cultures, les façons de vivre ensemble ou de rendre cela impossible. Nous avons souhaité partir de la spécificité des quartiers entourant la place de Clichy, de sa diversité culturelle, sociale, économique, ethnoculturelle. C’est une situation emblématique qui peut faire modèle de réflexion et d’action et dans ses conclusions être éclairante.

 

A chaque fois qu’on donne la parole à des citoyens, ils participent au processus d’élaboration de la décision publique comme notre débat l’a bien souligné : Comment recréer du commun ? Avez-vous des propositions concrètes à faire pour améliorer la démocratie et/ou la citoyenneté au quotidien ?

 

En réponse, vous trouverez ci-dessous les propositions citoyennes émises par les participants et nous vous solliciterons prochainement pour construire avec nous un projet pour le territoire et qui pourra même mobiliser plus largement au niveau national en fonction de l’engagement de chacun.

 

Madame Cécile Calé

Vice Présidente Co-fondatrice Coop-Cité

Arts et Patrimoine-Démocratie & Citoyenneté

 

PROBLÉMATIQUES ET PROPOSITIONS

  1. Que veut dire pour vous « Faire à nouveau société » ?
  2. Vouloir connaître l’autre, sa tradition et respecter la culture et de la différence de l’autre. La culture est un pont. Chacun a sa place, dans la mixité.
  3. Faire communauté est-ce faire société ? non pour certains, oui pour d’autres.
  4. Pour faire société il est nécessaire d’avoir des valeurs communes à partager
  5. Se parler et reconnaître, se respecter, chercher les voies de l’apaisement et de la réconciliation. Lutter contre les dérives dans un système de valeurs partagées : démocratie = pluralisme d’opinions. Savoir faire vivre des fondamentaux. Partager des réponses, des objectifs et des projets communs sur les territoires. Définir un modèle de production et de consommation pour vivre ensemble. Tolérance : accepter de l’autre ce qu’on n’accepte pas pour soi-même.
  6. Lien social interculturel et intergénérationnel à repenser. Ré inclure les minorités visibles et non visibles
  7. Ensemble partager, se poser des questions, à partir de fondamentaux qui sont en place, se remettre en question, participer à des expérimentations, s’interroger sur le champ des possibles.
  8. Donner accès à tous à toutes les cultures. Faire communauté nationale, c’est-à-dire partager un socle commun (dont des valeurs de civisme). Redéfinir les principes de solidarité.
  9. Faire société : c’est philosophique. Vivre ensemble : c’est ensemble respecter des règles du jeu (en choisir 3 ou 4 fondamentales, les mettre en oeuvre et voir que ça change).
  10. Vivre ensemble : c’est le respect et l’éducation. C’est donner les clés pour appliquer les règles du jeu, par tous, dans le respect mutuel.

 

  1. Questions problématiques et propositions faites par les participants au débat :
  2. REDYNAMISER LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE

 

Comment donner l’envie aux citoyens de participer à la vie de la cité et faciliter leur implication, notamment celle des jeunes ?

 

  • Expliquer aux enfants dès leur plus jeune âge la vie administrative à l’école (remplir une déclaration fiscale, faire un cv…) et politique (le vote, le fonctionnement des institutions, les droits…)
  • Oeuvrer pour le vivre ensemble, au travers des « parcours citoyens ». Même si on a l’accès à l’information, la difficulté c’est d’avoir l’information juste et au bon moment (les administrations ne donnent pas toute l’information).
  • Faire attention à la fracture culturelle notamment numérique . Developper une démocratie participative s’il elle amène une démocratie d’implication. Le participatif ne se résume pas à internet, attention à la fracture numérique. On peut avoir le sentiment d’avoir le pouvoir de s’exprimer au niveau local, mais les alertes n’aboutissent pas forcément, à cause des strates intermédiaires.

 

  1. VALEURS ET REFERENTIEL CULTUREL COMMUN

 

Comment faire pour réinstaller la tolérance et le respect comme valeurs fondamentales dans la cité et faire respecter les règles du jeu par tous ?

 

  • Réinstaurer un service militaire pour développer le respect de l’autre, la rigueur et l’éthique ;
  • Palier au déficit d’enseignement du civisme dans nos écoles. Les jeunes sont demandeurs d’un service civique qui reste à promouvoir autrement ;
  • Permettre par la mise en oeuvre d’expérimentations, d’atelier créatifs citoyens, de workshops expérientiels à chacun de re devenir citoyen c’est-à-dire acteur de son destin et non plus spectateur ou téléspectateur de celui-ci ;
  • Reconsidérer la valeur humaine culturelle qui n’est pas la valeur uniquement marchande.

 

Comment créer un référentiel commun pour faire société ? Quelles valeurs communes à partager ?

 

  • Nous devons redéfinir ce que veut dire créer de la valeur, de la richesse en attachant par exemple de l’importance aux expérimentations citoyennes, aux singularités de ces propositions, aux actions des bénévoles qui creent de la richesse et dont personne ne parle ni ne porte attention ;
  • Cesser de mettre en avant l’importance dans nos écoles de la compétition et valoriser d’autres valeurs d’échange, de partage, de citoyenneté ;
  • Nous devons reconsidérer ce que l’on nomme réussite afin d’accepter l’échec au sein de nos écoles comme passage normal avant de réussir et non pas décourager les jeunes générations.

 

  1. JEUNES GENERATIONS ET REUSSITE

 

Comment mieux écouter les jeunes générations et leurs demandes ? Comment améliorer l’information des jeunes sur leurs droits en général et sur tout ce qui peut les aider à réussir à développer leurs projets, à s’engager dans la cité ?

 

  • Mettre en place un guichet unique pour simplifier la vie des jeunes et qu’ils connaissent l’ensemble des aides auxquelles ils ont droit, et l’ensemble des informations utiles pour créer leur entreprise ;
  • Le sujet de l’information est clé pour les jeunes s’ils veulent devenir entrepreneurs améliorer l’accès aux informations au sein des mairies ;
  • Quand on leur donne la parole, les jeunes sont actifs, ils partagent, ils ont un discours pertinent.
  • Créer des structures (Maison des jeunes et des humanités) leur permettant de s’exprimer, leur redonnant la parole car les jeunes sont actifs, ils partagent, ils ont un discours pertinent ;
  • Pour garder les jeunes dans nos entreprises, nous devons faire évoluer les pratiques managériales, les adapter au monde de demain, les rendre plus créative, moins pyramidales ;
  • Donner du crédit et des moyens financiers aux jeunes générations qui proposent et portent des projets singuliers pour leur territoire ou plus généralement au niveau national en particulier tout ce qui permet de lutter contre le chômage des jeunes.

 

Comment donner confiance aux jeunes et foi en leur potentiel créatif, en leurs talents ?

 

  • Habituer les jeunes à débattre dès l’école primaire, privilégier davantage l’oral (leur apprendre l’argumentaire notamment en commençant plus tôt l’enseignement de la philosophie) ;
  • Enseigner l’art, l’histoire de l’art, les pratiques artistiques à tous et à tous les âges et en faire une discipline obligatoire. En effet, l’oral est travaillé au collège et au lycée par la discipline artistique mais seulement à ceux qui ont choisi l’option Arts plastiques ;
  • Assurer la gratuité dans tous les musées pour les jeunes ;
  • Préparer les jeunes à la citoyenneté, enseigner le civisme ;
  • Préparer les jeunes à la société de demain en privilégiant l’intelligence créative face à l’intelligence artificielle ;
  • Préparer les jeunes à la société de demain en mixant dans les enseignements « création et innovation».

 

 

  1. L’ART POUR FAIRE A NOUVEAU SOCIETE

 

Comment mobiliser et donner des moyens aux artistes pour qu’ils nous aident à « ensemble, faire à nouveau société » par la culture ? Peut-on « Faire art, ensemble, comme on fait société » ?

  • Il n’y a plus de moyens pour l’art qui pourtant a une place clé. Repenser la place de l’art dans nos sociétés en ré enchantant le monde par sa présence dans les lieux publics, les écoles, les prisons, les hôpitaux, partout où il peut refaire du lien, recréer du commun, amener de l’émerveillement et surtout permettre la résilience ;
  • Mieux distribuer les financements dans le domaine artistique et culturel, pour soutenir les activités qui créent du lien social et culturel ;
  • Instaurer une « Grande Ecole de la Création et de l’innovation » (plus professionnalisant que les écoles d’art), sans condition de diplôme, avec des parrains mécènes pour soutenir les projets des jeunes talents émergents et lier ces formations transdisciplinaires à des plateformes de mise en réseau (sur le modèle de la Grande Ecole du Numérique) © Cécile Calé Cercle Spiridion ;
  • Reconsidérer la francophonie comme une richesse. Créer une Bourse de la Francophonie et des colonies de vacances de la Francophonie ;
  • L’enjeu de l’éducation prioritaire doit devenir celui de développer la créativité. Pour cela il faut redonner de la liberté pédagogique aux enseignants ;
  • Permettre à l’art sur les territoires de palier à la dérive sécuritaire en misant sur son pouvoir de permettre la résilience, l’installer dans les espaces publics ;
  • Redonner toute sa place à la pensée manuelle, à l’intelligence de la main dans nos enseignements
  • Installer des résidences d’artistes dans les écoles et les entreprises ;
  • Faire entrer les œuvres d’art par des prêts (FRAC, …) dans les écoles ;
  • Créer des budgets participatifs dans les écoles pour des projets communs ;
  • Offrir aux élèves des livres d’histoire de l’art au lieu de leur offrir des ordinateurs ;
  • Redéfinir la culture qui a trait à notre humanité.

 

 

 

 

 

 

  1. LES CITOYENS ET LES POLITIQUES – RECREER LA CONFIANCE

 

Quel devrait être le rôle des hommes et des femmes politiques et des citoyens demain ?

  • Donner le pouvoir aux citoyens (en rotation), en le répartissant entre des personnes de milieu et de niveaux différents ;
  • Rapprocher les collectivités locales et leurs élus des entreprises humanistes, pour les sortir de leur isolement et partager une vision sociale et leur apporter des services.

 

Comment écouter et prendre en compte la voix citoyenne ?

  • Tirer au sort des citoyens et des plus jeunes, pour assister de manière obligatoire aux délibérations dans les mairies ;
  • Mettre en place des assemblées citoyennes consultatives régulièrement (et transformer le CESE en Maison des Citoyens, qui animerait toutes les maisons des citoyens locales).

 

Comment recréer la confiance entre citoyens et politiques ?

  • Redéfinir la notion de création de richesse (notamment pour faire financer l’éducation par les entreprises) ;
  • Donner un Revenu Universel à ceux qui créent du lien social (savoir reconnaître la valeur indépendamment du critère financier) : les aidants, ceux qui éduquent leurs enfants, les bénévoles, ceux qui plantent des arbres…
  • Limiter la rémunération du capital pour éviter la dé corrélation entre mise de départ et la rémunération, et responsabiliser les individus par rapport à la société ;
  • Rapprocher les mairies de certaines entreprises qui ont une mission économique et sociale.

 

 

  1. L’EDUCATION ET LA FORMATION AU SERVICE D’UN PROJET DE SOCIETE

 

Comment remettre l’éducation au service d’un projet de société ? Comment capitaliser et transmettre de nouveaux apprentissages ?

  • En ouvrant l’école aux logiques territoriales, trouver des perméabilités. Explorer comment l’école peut se mettre au service de projets locaux. L’école est un des éléments du territoire apprenant ;
  • Le principe de compétition est partout, y compris à l’école. On a besoin de réformes de fond en terme pédagogique ;
  • Encourager l’expérience théâtrale à l’école ( ex : un spectacle participatif sur la justice) ;
  • Lutter contre l’absentéisme de certains professeurs et le manque de services publics sur les territoires (ex : Chatillon) ;
  • Encourager les expériences réussies telles celles de l’urbanisme participatif : remettre du vert à l’école, se réapproprier une rue contre le bétonnage. Remettre les enfants au contact avec la nature ;
  • Encourager les démarches participatives et résilientes par l’art notamment ;
  • Ecouter ce qui vient de l’expérience de ceux qui sont sur le terrain, celle des professeurs (ils ne sont pas écoutés) notamment sur l’absence de cohérence des programmes entre les différentes matières ;
  • Porter attention aux expériences internationales sur l’éducation : en Suède on a vu diminuer la qualité avec le chèque-éducation. En Finlande, l’école est redevenue publique.

 

Comment transformer l’éducation pour « ensemble faire à nouveau société », notamment en faisant mieux circuler les pratiques éducatives efficaces et qui ont fait leur preuve ?

  • Distribuer des chèques-éducation aux familles (donner à chacun la liberté du choix pédagogique) ;
  • Demander aux entreprises de s’engager à mener un projet par an en lien avec les écoles/universités pour expliquer, faire naître des vocations, donner envie, parrainer des projets…) ;
  • Permettre aux entreprises d’être plus présentes pour informer, monter des projets dans et avec les écoles ;
  • Desserrer la contrainte des programmes scolaires. Ne pas cadrer trop dans le détail et laisser la place à des initiatives dans les établissements ;
  • Faire en sorte que la créativité innerve toutes les disciplines (et ne pas en faire un sujet à côté).

 

  1. LA SOCIETE CIVILE ET EXPERIMENTATION

 

Comment permettre à la société civile d’expérimenter sur les territoires ? A-t-on réellement le droit à l’expérimentation :

  • Travailler avec la mairie pour mobiliser les citoyens ;
  • Prendre exemple sur les grandes entreprises qui savent aussi être responsable : Total a créé une école de rattrapage. Cela même s’il y a des anomalies fiscales en Europe, notamment les grandes entreprises (qui créent de la concurrence déloyale) et que l’on est piégé par l’injonction à la performance.

 

 

 

 

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