Karen Kilimnik « Exculta »

Cercle Spiridion  Karen Kilimnik « Exculta »

Karen Kilimnik « Exculta »

Le Consortium de Dijon & le Cercle Spiridion presents a solo exhibition at  Château de Malmaison, Rueil-Malmaison

Karen Kilimnik            

 Du 22 au 30 Octobre 2016

Les tableaux de Karen Kilimnik troublent la chronologie, affolent le temps. Karen Kilimnik déroute toute scène artistique. Quatremère de Quincy (Essai sur la nature, le but et les moyens de l’imitation dans les beaux-arts, 1823) précisait que chaque Art avait son propretemps, ce que nous pourrions dire aujourd’hui de chaque œuvre, réalisation, évènement et peut-être de beaucoup de personnes. Cet essentiel rapport au temps chez Karen Kilimnik est particulièrement insaisissable – immédiatement présent et toujours fuyant. Ne le voudrions-nous pas, l’appropriation du passé est d’abord sa désappropriation. Celle qu’effectue Karen Kilimnik est raffinée — exculta disent les Latins — érudite, tissée de réminiscences multiples qui ne renvoient plus à rien et dont nous peinons, malgré le merveilleux déploiement des références visibles (demeures, paysages, portraits, prince charmant et reine éthérée, combat aérien et naval…), à fixer la chronologie.  

C’est sans doute pour nous, aujourd’hui, ce que Nietzsche appelait: Le Grand Style, ce qui se moque de convaincre et de plaire, une modération qui n’a pas besoin d’articles de foi extrêmes et qui repose sans témoin autour de soi, hors tout. Il n’y a là rien de grandiose, ni de monumental, absolument rien de tragique, mais bien au contraire, à l’encontre de ces travers courants, un projet de réserve et de belle tenue à la limite de la disparition, au plus loin du performatif ; ce qui circule dans les interstices de l’Art — et de son histoire (toujours inaccomplie) — par rapport à sa promesse infinie.

 

Une haute palissade de bois entoure le rez-de-chaussée du château de Malmaison, un échafaudage sertit son aile droite. Un nouveau chantier d’embellissement  transforme pour un long moment sa silhouette familière. Si  le touriste fait la moue, l’occurrence ne saurait être désagréable à l’artiste. Dans l’atelier de Philadelphie, avec ses onctueuses huiles Williamsburg miscibles à l’eau, elle a sublimé sa façade arrière d’après une modeste reproduction ; le motif se nomme à présent  The summer house of Apollon in the French countryside outside Paris, 2016. Appropriation et désappropriation — auxquelles se livre avec élégance Karen Kilimnik — trouvent place dans la temporalité de l’action, la fluidité de la touche. Peindre maintenant conceptualise le motif né hier en motif nouveau-né d’aujourd’hui, à la fois empreint d’insouciance et de cette profondeur intime, à peine visitée, qui est la sienne à l’instant, précisément, où sa rêverie se concrétise. Ainsi, La Malmaison n’est plus La Malmaison, mais une autre, et pourtant toujours La Malmaison.

Cécile Calé & Claude Darras, Cercle Spiridion.   Rueil-Malmaison, septembre 2016.

Karen Kilimnik est née en 1954 à Philadelphie où elle demeure et travaille, à côté, en retrait de New-York.Adoubée internationalement par l’institution (Consortium de Dijon, Serpentine Gallery à Londres, MOCA de Chicago ou Musée d’Art Moderne de la ville de Paris), elle est représentée par la très importante galerie new yorkaise 303.

Karen Kilimnik est depuis deux décennies une des artistes internationales les plus prestigieuses,  la singularité renouvelée  est la qualité de son omniprésence.

Passionnée par la personnalité de Joséphine de Beauharnais et sa relation amoureuse avec Napoléon Bonaparte, Karen Kilimnik a créé pour le Château de la Malmaison, des œuvres en résonnance avec les lieux, son histoire. Ses œuvres sont disposées au milieu du décor en place, créant de l’étrangeté par un traitement iconographique particulier (scénarios uniques) et la fluidité de son exécution.

Son travail s’est dégagé de la scène artistique et critique Américaine dite : Appropriationniste (1975-1985) dont il convient ici de rappeler sa forme d’écho aux pensées Françaises de la Déconstruction (Jacques Derrida) ou du Simulacre (Jean Baudrillard, Guy Debord).  Sur le plan philosophique ces gestes artistiques peuvent aussi être rapprochés de l’intertextualité.

Dans l’Appropriationnisme, les motifs ou proies de Karen Kilimnik sont l’original (en douter), les sources (les brasser sans scrupule), le pop art et l’art conceptuel (les twister démocratiquement), l’identité (c’est-à-dire ?).

Il existe une intensification Karen Kilimnik. Dès l’abord quand elle impose un art très maitrisé de la fameuse installation dont la rhétorique ne sortira pas indemne de ses dispersions, puis plus tard et maintenant : son entretien acéré avec notre tradition Européenne, le paysage, le portrait, la vie aristocratique, le XVIII ème, l’Empire. Son entreprise en bouscule les motifs (rock n roll, on l’a dit), rassemble dans le secret des coffrets selon une gestuelle Féministe de muse insaisissable (Lou Andreas Salomé) les mues à l’abri de la grande transparence de l’heure.

Sur les sites du Consortium de Dijon (plusieurs fois), ceux de la rétrospective du Musée d’Art Moderne de Paris (2006) Karen Kilimnik avait importé l’Histoire, le Décor, le Décor de la vie, de la Fiction sur les murs blancs, brouillé et milité. Nous mesurons la plasticité de son esprit : chez Joséphine de Beauharnais, au plus près au plus loin du décor immuable, Muséal, elle étrécit son propre Empire, s’immisce avec la délicatesse d’une lame, d’un gemme, à la limite de la disparition.

Cécile Calé & Claude Darras.

Cercle Spiridion.

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Expositions