Lionel Esteve – Teenagers are always right

Cercle Spiridion  Lionel Esteve – Teenagers are always right

Lionel Esteve – Teenagers are always right

Fondation Tuck Château de Vert Mont – Une proposition des curators Cécile calé & Claude Darras

Lionel Estève

14 février au 18 avril 2010

Les dessins dits « de franges » dans leurs coffres posés sur le marbre polychrome de la salle à manger et simplement appuyés sur les murs grège, dans la lumière difficile de la salle, installent l’ambiance. La fête est présente, violente même, à la limite de l’hystérie – c’est ainsi que les minutieuses manipulations des découpes frangées, leurs pastilles noires ou multicolores – dans cet esprit là que dans l’atelier elles furent conçues disait l’artiste, la précarité menace, le lit de camp vous le dit. Il y a l’autorité des choses, les franges dans leurs coffres comme des stèles alignées, le siège que vous n’osez pas tester et en même temps le vacillement, le tremblé des moirures de l’organza des rideaux, la balance incertaine entre la lumière de l’intérieur et celles extérieures quand l’après midi, le soleil d’hiver vient sur la façade et puis quand, pour l’occasion, plus tard, les spots le remplacent, traversent la rébellion un peu vaine des bombages de l’organza. Les Teenagers embêtent leurs parents ; c’est pour se prouver leur existence. La fête sera amère quoique nécessaire, passage de tumultes ; des choses vous laissent penser que tout ça peut être surmonté.

On sait les complicités de l’art contemporain et des idéologies du festif, on sait les difficultés de l’heure, nous apprécierons d’autant le cérémonial construit par Lionel Estève pour l’entame de son exposition : la fête n’y est pas suspendue dans une innocence de fiction, de communauté, elle est dure, excessive et plombée de vacuité : sa beauté est dangereuse. A rebours, si vous terminez par cette même salle, l’agencement vous infuse aussi la joie et la palpable précarité, un peu autrement, c’est que vous êtes informés par les autres salles ; il est divers usages de la fête, l’initiation, la répétition, l’habitude prise.

Sur la marqueterie de chêne du Salon , vous trouvez les pierres étoilées. Ce sont des blocs de marbre venus d’Istanbul, une machine en a façonné la silhouette de galets, la rotondité laissant la texture cristalline apparente. L’artiste les a brodées. Un fil bleu vif emprisonne la pierre, les 18 pierres dispersées sur le sol ; elles jalonnent votre traversée, sans contraindre : c’est que ce qui peut vous arrêter, vous retenir un instant, est surtout leur motif – la résille bleue d’étoiles serrées. La manufacture impressionne (oui, c’est beaucoup de travail, même difficile pour les premiers réseaux de fils qui se croisent et se nouent.) et – comme malgré elle, convoque, réveille la précarité qui menace, une insidieuse image de vandalisme possible, des clichés noir et blanc du château dans ses moments d’infortune que la main invisible trouva avant de le restaurer. Mais l’image du péril est fugace, anesthésiée par l’orangé qui tombe des rideaux d’organza bombés : les Teenagers embêtent leurs parents, c’est pour se prouver leur existence.

L’électrique Gottlieb Magnotron de 1974 customisé de miroirs vous invite dans la salle de billard – grand ouvrage de restauration peinte avec pendentifs, grotesques dans une harmonie sombre, éteinte de nuit claire. Même inconfort de l’ambivalence : dans la lumière du jour, celle de l’hiver, l’objet débranché impose sa souveraineté de sculpture ; l’artiste met un peu de silence dans le bruit de toutes ces histoires. Allumé, plus tard, dans la pénombre, l’objet sculptural s’efface sous ses propres sons et lumières – voit on une masse de clignotements ?; l’artiste met un peu de bruit (ou beaucoup de bruits, c’est selon les sensibilités…) dans le silence. Les enfants puis toutes les générations – plutôt à l’aise, ont rejoint les Teenagers devant le flipper, ces derniers ne devaient pas être si mauvais.

La salle des fêtes, l’extension XXème aux vastes baies vitrées, ses stucs et cariatides dérivent du décor d’un établissement Londonien – Oscar Wilde s’y installait, est occultée en totalité. Seuls des milliers de petits trous parfaits, de tailles variées, étoilent la lumière d’hiver ou la lumière des spots. Une féérie de chambre obscure ou de night club. Des rais de lumière griffent les consoles, les courbes des cariatides et du plafond ; le jour, à certaines heures des grappes de petites images inversées se déplacent (les petites perforations deviennent des sténopés ou passe l’image des rameaux  des grands arbres.)

Ici les récits se rejoignent, celui du lieu et celui existentiel des Teenagers.

C’est ici que l’on s’arrête volontiers.

Pour être ensemble.

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Le temps suspendu.

 

Cécile Calé & Claude Darras, Cercle Spiridion.

Lionel Estève est né en 1967 à Lyon, il expérimente différentes matières et différentes techniques artisanales pour créer des objets raffinés comprenant notamment – mais non exclusivement – des collages, des assemblages, des sculptures et des mobiles.

Son esthétique inclassable, mélange de divers matériaux, échappe sans réserve à la rhétorique actuelle de l’art contemporain pour évoquer plutôt un sentiment de beauté absolue. Qu’elles soient figuratives ou abstraites, ses visions délicates s’inspirent généralement de motifs trouvés dans le monde naturel ou dans l’expérience sensorielle de celui-ci, source première de sa créativité débridée. Tel un enlumineur de manuscrits, il cherche à passer sous la simple surface des choses et à transcender leurs merveilles par de joyeux artifices. Lorsqu’il n’orne pas directement des éléments réels comme des plantes ou des pierres, tout ce qui reste parfois de son œuvre sculpturale, mais pratiquement diaphane, est l’effet fascinant d’une lumière chatoyante ou de motifs fractals qui se déploient.

Intéressé en outre par la notion de multivers, Lionel Estève expose différentes conceptions de la nature pour explorer la possibilité de mondes parallèles.

Cécile Calé & Claude Darras.

Cercle Spiridion.

Retrouvez les oeuvres de Lionel Estève

Notre exposition est relatée sur le site d’Emmanuel PERROTIN , le galeriste français d’art contemporain  le plus important au niveau international :

https://www.perrotin.com/artists/Lionel_Esteve/35/view-of-the-exhibition-teenagers-are-always-right-at-fondation-tuck-chateau-de-vert-mont-rueil-malmaison-2010/1000002311

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Expositions